L’art de communiquer les mauvaises nouvelles

cedric voigt Cedric Voigt - 6th Juin, 2022

La hausses des taux d’intérêt, le ralentissement des économies dans le monde et les crises de la chaîne d’approvisionnement en énergie résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont mis un terme à ce qui a été un incroyable marché haussier pendant plus d’une décennie.

Ce changement de dynamique s’accompagne d’une nouvelle réalité froide et brutale pour le monde de la technologie. Nombreux sont ceux qui ont bâti des marques, des entreprises et des réputations professionnelles entières en bénéficiant d’un environnement porteur et indulgent qui pourrait bien ne plus exister. Nous nous sommes habitués à ce que l’industrie technologique soit critiquée pour ses chiffres exagérés – Snap(chat) a été évalué à 100 milliards de dollars l’année dernière après avoir enregistré une perte de près d’un milliard de dollars l’année précédente. Aujourd’hui, le triple fardeau de la pression accrue sur le portefeuille des consommateurs, de la hausse des taux d’intérêt et de la réduction de l’accès aux capitaux jette une ombre menaçante sur l’industrie technologique, quelle que soit sa taille ou son sous-secteur. Il est devenu tout à fait clair qu’une correction est en cours.

Klarna, la coqueluche de la fintech, a récemment annoncé une réduction de 10 % de ses effectifs ainsi qu’une augmentation de ses pertes avant impôts, tandis que l’application de livraison à la demande Gorillas a été contrainte d’aller plus loin et de licencier la moitié de ses employés.

Il ne s’agit là que de deux exemples parmi tant d’autres et il est fort probable qu’un autre grand nom se joindra à cette tendance alarmante au moment où vous lirez ces lignes. La majorité de ces chefs d’entreprise donneront la priorité à la façon dont ils peuvent préserver la continuité de leur activité. Ils penseront avant tout à réduire les coûts afin d’allonger les pistes financières, tout en se concentrant sur les flux de trésorerie et d’autres éléments fondamentaux.

Les investisseurs et les consommateurs posent des questions difficiles aux entreprises. Les réponses qui ont pu fonctionner jusqu’à récemment ne sont plus garanties aujourd’hui. Tandis que les entreprises à la recherche de financements s’adaptent pour devenir des preneurs de règles plutôt que des faiseurs de règles – acceptant des évaluations plus basses, une plus grande diligence et des cycles de financement plus longs – il y a une autre leçon vitale à tirer pour les dirigeants. Il s’agit de ne pas oublier leur devoir de respecter et de protéger les employés.

J’ai été particulièrement frappé par l’exemple (ci-dessous) du cofondateur et PDG de Cameo, une application proposant des messages personnalisés de célébrités, qui a confirmé une série de licenciements sur Twitter.

À première vue, le message informel semble authentique et sincère. Toutefois, comme les critiques l’ont rapidement souligné à l’époque, M. Galanis aurait dû prendre la décision de changer l’avatar de son profil pour remplacer son symbole de statut NFT « Bored Ape », évalué à environ 300 000 dollars à l’époque, avant d’annoncer le départ de ses anciens coéquipiers « bien-aimés » (même si certains d’entre vous seront peut-être choqués d’apprendre que la valeur de son NFT a chuté depuis lors).

Il est tout aussi important de se rappeler que parmi les divers cris d’alarme indiquant que le ciel nous tombe sur la tête, il y a de nombreuses entreprises technologiques qui opèrent sur des bases solides, avec des modèles d’entreprise durables, un leadership responsable, et sur des marchés aux perspectives favorables (les technologies relatives au climat, par exemple).

Les chefs d’entreprise qui annoncent de mauvaises nouvelles feraient bien de se rendre compte que la décence a du sens sur le plan commercial.

D’anciens employés mécontents risquent non seulement de nuire à la réputation à un moment où la marque peut difficilement se le permettre, mais cela envoie également un signal clair au reste de l’équipe, qui vient de voir ses collègues licenciés de manière désinvolte ou désordonnée.

Pourquoi resteraient-ils dans les parages s’ils risquent d’être les prochains ?

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